Un Français de Londres relance le magazine Têtu

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Albin Serviant Français de Londres rachète Têtu

Mercredi 21 novembre, le magazine Têtu renaîtra de ses cendres. Et ce, grâce à un Français établi à Londres. Albin Serviant, qui jusque-là ne connaissait rien au monde de la presse, a décidé de redonner vie à ce titre mythique, créé en 1995 par Pierre Bergé.
“Je n’ai pas acheté le magazine, mais la marque Têtu”, corrige le Français. Le patron de Digital Stubborn Ltd mais aussi président de la French Tech London s’est lancé dans l’aventure il y a tout juste un an. “Puis tout s’est accéléré à Noël dernier et les choses se sont concrétisées en mai-juin”, détaille Albin Serviant. Pour assurer la résurrection de Têtu, l’homme d’affaires a fait appel au financement participatif. La campagne est en ligne depuis le 1er octobre dernier et s’achève jeudi 15 novembre, quelques jours avant la parution du nouveau numéro papier. “On a pour l’instant 2.000 participants et on espère en avoir 500 de plus d’ici la fin de la campagne”, confie le Français. Parmi les soutiens, le journaliste Marc-Olivier Fogiel.

Créer une communauté forte autour de Têtu

La création de cette communauté est essentielle pour Albin Serviant, qui estime que sans elle rien ne pourrait se faire. “La presse connaît une profonde crise depuis de nombreuses années, les titres qui s’en sont sortis sont ceux qui ont pris le virage du digital plus tôt que les autres. Il y a aussi ceux qui ont réussi à garder une communauté engagée sur une ligne verticale éditoriale claire et de qualité”, analyse le Français.
Il prend pour exemple le quotidien The Guardian, qui à la fin de chaque article mis en ligne gratuitement – c’est le seul à le faire – rappelle aux lecteurs que “l’article a un coût et qu’il faut financer cela et c’est exactement ce que l’on fait dans le cadre de la campagne de financement participatif”, lance le nouveau PDG de Têtu, avant d’ajouter “notre objectif est clair : on veut aller chercher les fans de la marque pour qu’ils nous aident à la relancer”. Si jusque-là Albin Serviant n’avait jamais mis les pieds dans le secteur de la presse, il peut compter sur ses expériences passées dans le domaine du marketing et surtout il a su analyser le marché. “Aujourd’hui, on remarque par exemple que beaucoup de marques presse viennent du web. Comme Marmiton : au départ ce n’était qu’un site internet. Puis la communauté a été tellement importante que l’équipe a pu créer un magazine bimestriel vendu à 120.000 exemplaires. Ou encore Maison & Travaux qui était un magazine avant de faire faillite, puis d’être relancé sur le web et de renaître sur papier”.
Si le Français a souhaité reprendre la marque Têtu, c’est parce que le magazine est iconique, tant auprès de la communauté LBGT+ (lesbiennes, bisexuels, gays et transgenres) qu’hétérosexuelle. “Ici, il existe quatre marques qui vivent très bien : Attitude, Gay Times, Gay Star News et Pink News. Pourquoi n’est-ce pas le cas de Têtu, qui va bientôt fêter ses 25 ans? C’est pourtant une belle marque, qui véhicule des valeurs positives”. Cela aurait donc été dommage de ne pas la sauver, selon lui. Mais avec une nouvelle formule, plus moderne, plus engagée auprès de sa communauté. Et surtout avec de nouvelles sources de revenus. Cela passe par une présence accrue sur le web avec un site internet flambant neuf et sur les réseaux sociaux, mais aussi par l’organisation d’événements, de conférences, de discussions en entreprises par exemple. “On a créé l’initiative Têtu Connect. On veut amener du débat au sein des compagnies, pas seulement sur la communauté LGBT, mais aussi sur la femme, les minorités ethniques… La marque Têtu est légitime pour le faire”, estime Albin Serviant.

L’Angleterre comme exemple de réussite

Il prend une nouvelle fois pour exemple l’Angleterre pour étayer sa stratégie. “60% des revenus de la marque Attitude proviennent de l’organisation d’événements B to B (business to business, ndlr), de services pour les entreprises, de conférences”. Têtu a déjà commencé à le faire lui aussi. “On a travaillé avec le Boston Consulting Group, conseil en stratégie, on a fait une étude sur les jeunes LGBT en entreprise que l’on vient d’ailleurs de publier et qui a eu une certaine résonnance dans la presse française. On a aussi organisé, en présence d’Accor, Danone et BNP entre autres un débat sur la diversité et animé par la rédaction du magazine”.
L’équipe éditoriale compte d’ailleurs aujourd’hui six journalistes à plein temps, “plutôt jeunes, tournés vers les nouveaux médias comme les podcasts, les vidéos, le community management. Et en plus, c’est paritaire”, se félicite Albin Serviant.

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