“Ce prix prestigieux nous offre une incroyable visibilité au Royaume-Uni, autant auprès de nos clients, que de nos partenaires ou nos fournisseurs. C’est un gage de qualité mais aussi de reconnaissance de notre travail et de la croissance de l’entreprise”, explique avec fierté Virginie Charles-Dear. La fondatrice de toucanBox vient en effet de recevoir un Queen’s Award for Enterprise, ‘sceau royal’ d’une validité de 5 ans et récompensant les entreprises britanniques les plus prolifiques. C’est dans la catégorie International Trade que toucanBox a été sélectionné pour la toute première fois. “On savait que nous avions été choisi depuis longtemps, mais l’annonce, décalée à cause du décès du Duc d’Edimbourg, était sous embargo jusqu’à la fin avril”, explique la cheffe d’entreprise française.
Une idée née d’une frustration
Virginie Charles-Dear n’aurait jamais imaginé en 2012 quand elle a imaginé sa première boîte qu’elle en arriverait là. Alors en congé maternité de son deuxième enfant, elle cherchait à l’époque comment occuper sa fille de 3 ans. “Je n’arrivais pas à trouver des choses créatives à faire. Certes, il y avait des idées en ligne, mais je n’avais jamais le matériel nécessaire”. Cette source de frustration va l’amener à créer toucanBox. “Je me suis : “pourquoi ne pas proposer une boîte créative et pédagogique qu’attendraient avec impatience chaque mois les enfants et qui sauverait les parents car comprenant tout le matériel à l’intérieur””.
Mais comment faire quand son expérience professionnelle n’a rien à voir avec le secteur de la petite enfance ? Car Virginie Charles-Dear vient plutôt du monde de la banque. Quand elle est arrivée en 2004 à Londres après ses études, elle a d’abord travaillé pour Morgan Stanley, avant d’être recrutée dans l’équipe développement “business corporate” chez Yahoo et ensuite de rejoindre une start-up. “Mais l’envie d’entreprendre m’a toujours accompagnée, depuis ma plus jeune enfance”, confesse la Française. C’est grâce à un de ses anciens patrons que l’aventure toucanBox va vraiment commencer. “Je lui avais parlé de mon projet et il m’a suggéré de rencontrer une de ses connaissances, Sarah, une Américaine qui venait de s’installer à Londres et qui était institutrice dans une école Montessori”.
En association avec une institutrice
Les deux femmes se rencontrent autour d’un déjeuner et Virginie Charles-Dear présente son premier prototype de boîte qu’elle avait réalisé avec un fabricant de jouets. “Sarah m’a démonté en quelques minutes ce que je venais de lui présenter”, se souvient la Française, “mais elle m’a dit qu’elle adorait mon projet et qu’elle allait réfléchir dessus”. Quelques jours plus tard, elles se retrouvent et l’institutrice revient avec une nouvelle box remplie de ses idées. Virginie Charles-Dear est conquise. “Son expérience a été très enrichissante et précieuse”, avoue-t-elle. Elles décident donc de se lancer ensemble dans l’aventure.
Les deux associées créent ainsi leurs premières boîtes (destinées aux enfants de 3 à 8 ans), les montent elles-mêmes et commencent à les vendre. Elles comptent d’abord 10 clients, puis 100. “J’ai été très naïve au début. Je pensais que le succès arriverait tout de suite”, confie la Française, “mais j’ai vite compris que ce n’était pas un sprint mais un marathon”. Les deux premières années sont difficiles. “Mais on a trouvé des investisseurs qui ont cru en nous rapidement”, continue la Française.
Dans l’objectif de proposer le meilleur produit possible, les deux associées font de multiples tests et s’appuyent sur l’expérience client. C’est pourquoi les deux premières années après le lancement, toucanBox a beaucoup évolué. “Créer une entreprise, c’est les montagnes russes. Quand ça marche bien, on est au plus haut et quand ça marche mal, on est au plus bas. Mais notre premier milestone a été vraiment quand on est devenu rentable et qu’on ne vivait plus sur les fonds des investisseurs. C’est à ce moment-là qu’on s’est dit qu’on avait réussi, qu’on avait assez de volumes pour être les maîtres de notre destinée”.
La pandémie, un accélérateur des ventes
En 2020, la pandémie a fortement accéléré la croissance de l’entreprise. “Lors du premier confinement, on a doublé en quatre semaines nos volumes”, détaille Virginie Charles-Dear. L’effet panique et inquiétude chez les parents a donc boosté les ventes. “Ils voulaient tous acheter des loisirs créatifs, des puzzles, des jeux”, poursuit la Française. L’engouement pour toucanBox a duré jusqu’à mai. “On a réussi à tenir le rythme face à l’afflux de demandes et à assurer les livraisons. On a reçu beaucoup de messages de la part de parents qui nous ont remercié”, se félicite encore Virginie Charles-Dear.
Près de 10 ans après son lancement, toucanBox, c’est aujourd’hui 200.000 boîtes vendues chaque mois entre l’Europe et les Etats-Unis, déclinées en quatre langues (anglais, français, allemand et italien) et conçues par une équipe d’anciens enseignants et d’experts en éducation. C’est aussi 28 employés et un chiffre d’affaires quadruplé en cinq ans atteignant aujourd’hui plus de £7 millions. “Je crois que je n’ai toujours pas réalisé que c’est un succès, il y a tellement de choses à faire, et à chaque fois, j’ai l’impression de tout recommencer”, confie-t-elle humblement.
Virginie Charles-Dear sait que “pour monter son entreprise, il faut être fou, aimer vivre dans l’incertitude et ne pas trop se poser de questions sinon on ne fait jamais rien. Il y a des jours plus faciles que d’autres”. Comme quand il faut penser aux conséquences du Brexit. “Pour le moment on a réussi à survoler ce problème, on envoie toujours nos boîtes depuis le Royaume-Uni. On verra ensuite sur le long terme et si on développe davantage notre activité en Europe, on créera peut-être un pôle logistique sur le continent”. Virginie Charles-Dear ne cesse jamais de penser à l’après, comme proposer de nouvelles box que ce soit des kits pâtisseries ou des kits sciences pour un public plus grand. Elle a encore beaucoup d’ambition pour son entreprise et espère atteindre les £70 millions de chiffres d’affaires dans les 10 ans. .