Soutenir le commerce de proximité, inciter au zéro-déchet tout en réduisant ses émissions de CO2, c’est le pari que s’est lancé Vincent Haye. Ce Parisien, installé à Londres depuis 10 ans, a créé en février 2020 Zirrø. Si son activité a dû être transformée les premiers mois de la pandémie, le concept de cette entreprise de livraisons de courses réalisées 100% avec des vélos-cargo a su séduire, elle vient d’ailleurs d’être choisie pour rejoindre l’accélérateur de start-ups à impact positif, Impact Central. L’objectif étant de travailler à une levée de fonds et ainsi étendre le concept sur une plus grande partie du territoire londonien.
D’abord l’est de Londres
Car pour le moment Zirrø n’opère que dans l’est de la capitale anglaise, du côté de Tower Hamlets, Hackney ou encore Islington. “J’ai démarré là, car je connaissais bien le tissu économique local”, justifie Vincent Haye, qui vit dans l’un de ses quartiers. Outre cet aspect, lancer son entreprise dans ce secteur, c’était aussi, explique-t-il, la garantie d’avoir accès à un public plus sensible à son concept, car plus intéressé par les questions environnementales. “Mais avec la pandémie, je trouve que le message incitant à soutenir les petits commerçants et protéger mieux la planète passe de mieux en mieux”, estime le Français, “les gens sont davantage prêts à payer plus acheter de meilleurs produits, bons à la fois pour leur santé mais aussi pour l’environnement”.
Zirrø assure en effet, dans un délai de 48 heures, la livraison en vélo-cargo – et donc sans émission de CO2 -, de “produits de haute qualité, d’origine éthique et locale, dans des emballages réutilisables que nous récupérons et remplissons”. Finis donc le plastique ou autres contenants polluants. “On fait encore quelques livraisons avec des sachets papier, mais on va bientôt se fournir nous-mêmes en contenants réutilisables pour les mettre à la disposition de nos clients”, détaille Vincent Haye.
Avant de se lancer dans cette aventure entrepreneuriale, le Parisien avait travaillé pour différentes entreprises, dont Eurostar pour laquelle il était en charge du e-commerce ou encore Twinz où il s’occupait du marketplace. C’est lors cette dernière expérience professionnelle que le déclic environnemental se produit. “Je crois que cela a été le moment-clé, j’ai eu envie de changer les choses et cela passait pour moi par une action sur les emballages”.
S’adapter à la pandémie
Très sensible depuis des années au soutien du commerce de proximité, Vincent Haye se lance donc dans la création de Zirrø, qui devait s’appeler au départ “My Green Planet”. “Mais cela ne sonnait finalement pas très bien pour une audience britannique”, confesse le jeune homme, qui opte finalement pour une contraction de “zero” (prononcé à l’anglaise) pour “zéro déchet” et de Zorro, le légendaire cavalier masqué. “Mon but était d’aider les commerçants zéro déchet, qui sont souvent mal situés et donc pas très accessibles, à toucher un public plus large”, justifie Vincent Haye. Au début de l’aventure, Zirro fonctionnait sur un principe simple : “On récupérait les contenants vides directement chez les personnes ou sur leur lieu de travail, puis on les remplissait selon leurs commandes durant la journée et on leur ramenait le soir”.
Lancé en février 2020, Zirrø n’a finalement que très peu de temps pour faire ses preuves, la pandémie étant arrivée un mois plus tard. Mais le Français n’a pas voulu se décourager et, au lieu de se croiser les bras, a opté pour la solidarité et l’entraide. “On s’est mis à faire les courses et livrer les gens isolés pendant les quatre mois de confinement”, explique-t-il. C’est là qu’il s’est rendu compte, ajoute-t-il, du potentiel de développement de Zirrø. “L’idée était de proposer une offre plus large, pas seulement pour les commerces zéro déchet, mais aussi pour les commerçants locaux”. Vincent Haye a alors pris son bâton de pèlerin pour convaincre des commerces de faire un partenariat avec lui. Pas si simple, il faut dire que pendant la première vague de la pandémie, beaucoup avaient soit mis en place leurs propres solutions soit fait appel à des services de livraison plus implantés.
Une entreprise en plein développement
“On leur a expliqué que notre objectif était surtout de les aider à trouver une clientèle régulière”, expose le Français, “quand les gens testent Zirrø une première fois, ils continuent souvent avec nous, car on fait toujours en sorte que l’expérience clients soit la même qu’avec d’autres grands services de livraison, mais toujours avec cet objectif d’avoir le moins d’impact possible sur la planète. Alors certes, la croissance est moins exponentielle que pour certains de nos concurrents, mais notre service marche bien”. Et surtout, la philosophie environnementale et les valeurs de l’entreprise a fini par séduire aussi des commerces.
Vincent Haye espère maintenant accélérer le développement de Zirrø, notamment grâce aux conseils prodigués par Impact Central, incubateur à start-ups que l’entreprise vient d’intégrer. “On l’a rejoint en janvier dernier, et on vient juste de finir la première partie du programme qui s’étend sur 12 semaines”, détaille le Français. Grâce à l’aide de ses mentors professionnels, il se prépare ainsi à lever des fonds d’ici les trois prochains mois. Avec le but d’aller chercher des investisseurs et ainsi “faire grandir” son business. En attendant, les projets continuent. “On regarde où s’étendre dans les prochaines semaines, on pense à Camden ou encore West Hampstead”, révèle le chef d’entreprise, “on est aussi en train d’acheter un second vélo-cargo qui servirait à la récupération des commandes, tandis que l’autre servirait aux livraisons”. Le Français recherche aussi un lieu de stockage pour faciliter le travail des livreurs. “On est toujours en train de chercher la meilleure organisation possible”, conclut-il.