Joséphine Clavel a quitté le monde de la pub pour devenir galeriste

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Une mère antiquaire, un père dans la musique, une sœur écrivain. Pas étonnant donc que Joséphine Clavel ait décidé de se lancer à son tour dans le secteur des arts. Après une carrière dans la publicité, la Française, installée à Londres depuis 2001, a ouvert sa propre galerie, qui porte son nom, près de Kensington.
“L’art a toujours pris une grande partie de mon temps, en tant qu’élève en cours du soir ou en tant qu’observatrice des mouvements exposés dans les galeries et musées du monde”, lance Joséphine Clavel, avant d’ajouter, “j’ai été élevée dans une famille pour qui il est naturel de fréquenter et d’inviter des artistes. Car avec eux, nous ne nous ennuyons jamais”. La Française a ouvert sa galerie à Kensington en mai 2017. Un quartier, qui lui plaisait, car plus résidentiel que Mayfair, là même où se trouvent de nombreuses galeries. “Je voulais créer un lien avec une communauté, mais aussi voir les gens s’arrêter, alors qu’ils ne l’avaient pas prévu, pour discuter d’art mais pas seulement”, explique Joséphine Clavel.

Donner une chance à des artistes émergents

Déjà, elle avait un objectif bien précis : donner une chance à des artistes émergents ou confirmés d’être vus, mais aussi de créer une ligne artistique que ses choix d’expositions rendraient unique. “J’avais envie de faire naître un univers classique mais avec un “twist” de modernité et de belles lignes, une harmonie visuelle de bon goût. Je voulais également apporter à la communauté de Kensington une nouvelle façon d’envisager l’art, en pratiquant  des prix abordables tout en présentant un travail de qualité”.
Ce bon goût, elle le cultivait bien avant de se lancer dans son projet. Quand Joséphine Clavel, ancienne chargée de clientèle dans la pub entre Singapour et Hong Kong, débarque dans la capitale anglaise en 2001, elle ouvre d’abord une petite agence de conseils en décoration. “Cela me permettait d’être disponible pour mes enfants”. Son métier entre autres : identifier des œuvres d’art pour ses clients. A l’époque déjà, elle organisait donc des expositions dans des endroits insolites de Londres, “ce qui m’a poussée à chercher un lieu permanent pour exposer”. En fait, dit-elle, tout s’est fait naturellement. Elle avait donc eu la chance d’avoir déjà constitué une clientèle et un portfolio d’artistes. “Les enfants ayant grandi, j’étais plus libre et je pouvais enfin m’imposer d’autres contraintes. Je rêvais de retravailler, j’avais besoin d’un vrai challenge professionnel. Il me manquait seulement un lieu pour le faire”.

Comme dans un musée

Il lui aura fallu deux ans pour trouver cet endroit, mais ce temps lui aura permis de peaufiner son projet et de se rassurer elle-même sur ce nouveau choix de carrière. En mai 2017, elle ouvre enfin les portes du lieu, qui accueille des expositions différentes toutes les 3 à 6 semaines. D’ailleurs, jusqu’au mercredi 30 janvier, elle présente trois artistes : un sculpteur aux œuvres de jardin en métal géantes et inspirées des origamis ainsi que deux peintres, l’un résident à la prestigieuse St Martins School de Londres et l’autre, dernier fils du sculpteur Arman. “Cette exposition, qui s’appelle “Emptiness vs Fullness, 3 expressions in Blue“, est une recherche sur les notions de vide et de plein, de négatif et de positif, sur les contraires et les complémentaires, et illustre bien le tremplin et les similitudes qui existent entre le travail 3D et le 2D”. Joséphine Clavel est heureuse car elle confie que “les architectes ont été nombreux à s’intéresser à cette exposition, car elle exprime un aspect de l’art universel qui est aussi un sujet de la vie au quotidien”.
Ses expositions, elle les imagine selon les mouvements qu’elle souhaite mettre en valeur. “Contrairement à beaucoup de galeries, chacune que j’organise est porteuse d’un thème ou présente un mouvement de l’Histoire de l’Art par le biais d’artistes émergents. Il y a donc une curation différente à chaque fois, ce qui la rapproche des expositions présentées dans les musées”. La galeriste recherche donc des oeuvres d’artistes pour animer, déclencher un débat ou une discussion autour du mouvement dont il s’inspire. “Par exemple en avril-mai derniers, j’ai voulu trouver des artistes qui me permettraient d’aborder le sujet de l’Art Brut relativement méconnu du grand public. Il fallait pour cela des artistes s’inspirant de valeurs primitives, enfantines, naïves. J’en ai trouvé 3 (un Tunisien, un Algérien et un Belge, ndlr) qui, exposés ensemble, donnaient une vraie signification à ce mouvement”.
Les Français ne représentent pas la majeure partie de sa clientèle, poursuit-elle. “Ce sont plutôt des touristes et des non-Anglais qui ont des pied-à-terre dans le quartier et de passage régulièrement. J’envoie d’ailleurs une grande partie – je dirais un tiers – des œuvres à l’étranger”. Mais ce qui rend sa galerie “unique” aux yeux de ses clients et des visiteurs, c’est son sous-sol. “Peu de gens savent qu’un vrai studio d’artiste y a été aménagé. C’est un espace que j’occupe quand j’en ai le temps pour peindre et faire des expériences mix-média qui combinent le papier, la résine, la terre, les pigments…” Bref, un véritable laboratoire de création qu’elle prête d’ailleurs volontiers à certains artistes qui ont besoin d’un lieu pour terminer une peinture. “Cet espace est l’âme de la galerie, il m’est arrivé de vouloir tellement expliquer les techniques de peinture à un client qu’il s’est retrouvé dans le studio pour tester lui-même l’acrylique et l’huile”, lance Joséphine Clavel.

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