“Monsieur le Président, il faut cesser de prendre les familles franco-britanniques, les expatriés britanniques en France et français au Royaume-Uni comme otages des continuelles négociations post-Brexit”. Ce sont en ces termes que débute la pétition lancée vendredi 17 décembre par Ruthie Bousquet. Cette Française, qui a passé “15 années épanouissantes” dans la capitale anglaise, n’y vit plus. Rentrée en France il y a 5 ans, elle confie cependant que son “cœur est toujours à Londres”. “Your home is were your heart is”, lance-t-elle en anglais.

Ruthie Bousquet a appris comme tout le monde la nouvelle… ou plutôt les nouvelles mesures de restrictions de voyage entre la France et le Royaume-Uni. Une “décision qui rend impossible pour des milliers de Français de passer Noël ensemble”, qui est selon elle, “beaucoup trop soudaine et proche de la date fatidique”. C’est pourquoi elle a jugé utile de lancer une pétition à l’adresse d’Emmanuel Macron. “A l’instar de toutes les privations de liberté, sacrifices, changements de vie… que nous avons été prêts subir jusque-là parce que nous y voyions l’intérêt commun, les bénéfices santé, la sauvegarde des systèmes de santé… cette décision arrive comme un cheveu sur la soupe et semble totalement injustifiée à bien des égards”, s’indigne Ruthie Bousquet.

Le choix de mettre en place ces nouvelles mesures, à l’approche de Noël et dans la surprise la plus totale, est d’une “brutalité”, lâche-t-elle, tout en pesant ses mots. Elles les qualifie même d’“abusives parce que soudaines, les motifs impérieux sont socialement, financièrement, discriminants. Elles sont abusives car les implications en termes économique n’ont pas été anticipées. A cette date, tout le monde a engagé beaucoup de frais, les enfants se sont préparés, les budgets sont bouclés”, estime Ruthie Bousquet, qui regrette que, si les Français du Royaume-Uni peuvent tout de même rentrer sur le continent, leurs familles, elles, sont privées de pouvoir aller voir leurs proches rester outre-Manche. “Personne ne peut revoir ses plans et offrir une alternative donc elles sont trop tardives. En outre, la situation se dégrade au Royaume-Uni depuis plus de deux semaines, sur le plan sanitaire est déjà trop tard”, fait remarquer la Française, ajoutant que dans tout ce tintamarre de mesures, “les compagnies se transports, d’hébergement, de spectacles n’ont même pas décidé des modalités de remboursements, avoirs”.

Cette mesure “en demi-teinte discrimine également les couples non mariés, homosexuels, les familles monoparentales, les familles recomposées. Elle privilégie les grandes entreprises, les situations officialisées et passées par un tribunal, les liens du sang”, laissant ainsi de nombreux cas particuliers sur le carreau. Et Ruthie Bousquet sait de quoi elle parle. “Mes enfants devaient voir leurs pères, nous ne sommes jamais passer devant un juge car nos séparations ont amicales, basées sur la confiance et nos petits moyens. Je devais aussi régler des affaires professionnelles à Londres qui ne font pas l’objet de justificatifs mais ont un impact significatif sur mon budget familial”. La voilà donc comme de nombreux Français qui devaient se rendre au Royaume-Uni privés de pouvoir voir leurs proches ou simplement travailler, mais dont les motifs ne seraient pas impérieux au regard de la liste établie par le gouvernement de Jean Castex.

Ruthie Bousquet reconnaît qu’une pétition à l’adresse d’Emmanuel Macron “ne changera rien”. “Des manifestations ne changeraient rien non plus. Cette pétition me donne juste l’impression de maintenir encore un peu d’équilibre mental, de foi dans l’humanité”, confie la Française. Cet appel à mobilisation cristallise surtout pour elle son besoin de soutien mais aussi d’avoir l’impression “de ne pas être seule à souffrir de plus en plus intensément de ce sentiment d’injustice” et “d’avoir encore une voix, le droit d’exister, de penser et de ressentir”.