C’était son deuxième déplacement en quelques mois. Après une visite en novembre 2017, dans le cadre de la campagne pour la présidence de Les Républicains, Laurent Wauquiez a remis les pieds sur les terres londoniennes mercredi 30 mai.
Point de question de Brexit ou de la vie d’expatriés, cette venue avait essentiellement pour but d’appeler les Français de Londres à se mobiliser contre la politique d’Emmanuel Macron et de son gouvernement, dirigé par un de ses anciens collègues de parti, Edouard Philippe.
Droit dans ses bottes
D’ailleurs, à la fin de l’exposé de l’invité de la soirée et au moment des questions-réponses, le public n’a aucunement questionné le chef du parti de droite sur des problématiques liées à l’expatriation ou sur le devenir des citoyens européens en Europe après le Brexit. Preuve s’il en faut que ceux et celles, qui avaient fait le déplacement pour écouter Laurent Wauquiez, se sentaient davantage concernés par ce qui se déroule de l’autre côté de la Manche.
Même si ouverte à tous, la réunion publique, organisée dans le très chic hôtel The Rembrandt à South Kensington, s’adressait avant tout aux adhérents de Les Républicains et aux sympathisants de la droite. Et ils furent nombreux à venir mercredi 30 mai. La salle, pouvant accueillir jusqu’à une centaine de personnes, était quasi comble.
Si on doit reconnaître une qualité à Laurent Wauquiez, c’est celle du déterminisme. L’homme politique, après avoir largement critiqué la ligne politique de son potentiel concurrent en 2022, Emmanuel Macron, est resté droit dans ses bottes dans son discours. “Je garderai ma parole libre et directe. La mort de la droite est due au fait qu’on n’a plus rien dit depuis trop longtemps”, a-t-il martelé, “en fait, on a la chance de repartir de rien. La bataille sera ardue, mais elle sera passionnante. C’est un grand défi et c’est à cela que je vous invite”.
A plusieurs reprises pendant l’heure et demi de sa présence, Laurent Wauquiez n’a cessé d’appeler son public à participer “au relèvement de la droite”. “On doit retrouver notre autonomie et notre liberté. Mais j’ai besoin de vous pour nous faire entendre, car l’organisation du système a tout fait pour rendre la droite aphone”.
Une comparaison avec Donald Trump
La faute à qui ? Aux médias, bien évidemment. Maintes fois, ce sujet est revenu dans le discours du président de Les Républicains – un membre du public a même parlé de “média-merdias”. Les journalistes n’auraient d’yeux que pour le Président Macron. “J’ai depuis longtemps renoncé à la rationalité du journaliste de base. Quand j’ai été élu député à 28 ans, il est vrai que je faisais mon possible pour séduire les journalistes. Mais j’ai finalement arrêté de jouer cette comédie et c’est depuis ce jour que je suis devenu la bête noire des médias, mais je n’ai pas peur”, a-t-il lancé.
Pour légitimer sa “sérénité”, le président de Les Républicains n’a pas hésité à faire référence à Donald Trump. “Il a été sous-estimé, raillé par les médias, mais il n’a jamais lâché”, a déclaré Laurent Wauquiez, avant d’être corrigé par une personne du public : “Il avait quand même un média acquis à sa cause, Fox News”. “Oui, c’est vrai”, a alors corrigé Laurent Wauquiez, “il en faut un. En fait, on en a quelques-uns avec nous. Mais surtout je vous ai vous”. Il a alors à nouveau appelé le public à utiliser les réseaux sociaux pour être “le relais” du parti. “Vous pouvez démonter les “fake news”. N’oubliez pas que le degré de défiance vis-à-vis des médias est à son maximum en ce moment”.
Paris “gangréné par les bobos”
Parmi les questions posées par le public, celle des réservoirs de voix pour les prochaines élections et implicitement celle des alliances avec des partis tels que Debout la République et le Front National. “Nos réservoirs sont les nôtres. N’oublions pas que François Fillon a réalisé 20% lors de la présidentielle, malgré les médias contre lui. Il faut donc un discours clair pour que les électeurs n’aillent pas voir les extrêmes”. Son modèle politique ? L’Italie. “Là-bas, il y a un discours plus net, ils ne veulent plus de l’immigration car ils ne souhaitent pas que leur identité change. Mon combat sera donc de secouer la poussière, d’être vivifiant pour préserver notre civilisation”.
Autre interrogation d’une personne venue écouter le président du parti de droite, les municipales de 2020, et notamment dans la capitale française. Laurent Wauquiez prédit une triangulaire, entre la maire sortante, Anne Hidalgo, le candidat En Marche, Benjamin Griveaux et celui ou celle qui représentera Les Républicains. “Paris sera difficile à gagner car la ville est gangrénée de bobos. A nous de parler des vrais problèmes, autrement dit des rats, de la gestion migratoire, de la place de l’automobile. On atteindra les 38% sans mal et alors on gagnera”, a-t-il promis.