“A quoi joue Boris Johnson sérieusement ? On commence en avoir un peu marre de tous ces changements de dernière minute”. Isabelle* est en colère. La Française de Londres, qui est actuellement auprès de ses proches de l’autre côté de la Manche, vient d’apprendre la nouvelle : les personnes ayant reçu deux vaccins différents ne seront plus exemptés de quarantaine à leur arrivée en Angleterre (l’Ecosse, le Pays de Galle et l’Irlande du Nord n’ont pas encore rien annoncé de leur côté).
En effet, le gouvernement britannique vient de changer de position sur ce qu’il considérait comme “être entièrement vacciné”. “‘Entièrement vacciné’ signifie que vous devez avoir reçu une dose finale d’un vaccin approuvé au moins 14 jours entiers avant votre arrivée en Angleterre. (…) Si vous avez été vacciné en 2 doses, cela doit être avec le même vaccin approuvé (MHRA, EMA, Swissmedic ou FDA). Par exemple, si votre première dose était Moderna, votre deuxième dose doit également être Moderna”, précise le site internet du gouvernement.
Cette nouvelle disposition ne concerne cependant pas les personnes vaccinés via le NHS. En effet, les Britanniques “qui ont reçu deux doses différentes d’un vaccin dans le cadre du programme de vaccination du gouvernement britannique peuvent toujours être certifiées comme entièrement vaccinées grâce au laissez-passer COVID”, précise le Département de la Santé que nous avons contacté.
Les voyageurs européens, en provenance d’un pays “orange”, qui ont donc reçu par exemple une dose d’AstraZeneca au Royaume-Uni puis de Pfizer ou de Moderna en Europe ne sont ainsi plus considérés comme pleinement vaccinés par les autorités du pays et ne seront plus exemptés de quarantaine à leur arrivée sur le sol anglais. Le gouvernement de Boris Johnson justifie sa mesure par le fait que le mélange de vaccins n’est qu’en phase d’études. “Des essais pour déterminer les avantages du mélange de deux doses de différents vaccins COVID-19 sont actuellement en cours. Nous surveillons les résultats de ces essais et évaluerons notre position en temps voulu et si nécessaire”, avance le le ministère de la Santé.
Problème : des pays comme la France et l’Allemagne ont, eux, autorisé le mix de vaccins (AstraZeneca et un à messager ARN) depuis le printemps dernier pour les personnes âgées de moins de 55 ans. En cause, les risques de thrombose liés à l’AstraZeneca. Le ministre français de la Santé, Olivier Véran, ou encore la chancelière allemande, Angela Merkel, font partie des patients qui ont reçu deux vaccins différents.
Et c’est aussi le cas de nombreux de Français du Royaume-Uni comme Isabelle, 52 ans. Elle avait reçu une dose d’AstraZeneca en avril dernier à Londres, mais qui suite à des “légers” effets secondaires et sur les conseils de son médecin de famille en région parisienne, est rentrée en France pour recevoir une dose de Pfizer. “Quelle différence y a-t-il entre moi et quelqu’un qui a reçu deux doses de Pfizer? Rien”, s’exclame la quinquagénaire avant d’ajouter, dépitée, “franchement ce n’est pas juste ! La France estime que je suis vaccinée, j’ai même mon pass sanitaire, et là d’un coup d’un seul, l’Angleterre me dit que je suis considérée comme quelqu’un qui n’a reçu qu’une dose voire aucune. Tout ça, c’est que des questions politiques et de gros sous. Et ça commence sérieusement à tous nous taper sur le système”.
Le Département de la Santé assure que les autorités planchent actuellement “pour déterminer le plus rapidement possible quels vaccins et solutions de certification d’autres pays nous pourrions être certains de reconnaître”, avant de souligner que “le programme Test to Release reste une option pour les voyageurs non complètement vaccinés ou non vaccinés en provenance de pays de la liste orange pour raccourcir leur période de quarantaine”.
*La personne interviewée n’a pas souhaité donner son nom de famille.
