“Quel privilège de jouer aux côtés de Timothy Dalton, qui est un homme charmant et un vrai gentleman”. Karine Ambrosio n’aurait jamais imaginé tourner avec l’ancien James Bond, et pourtant. La Française fait en effet partie du casting de la nouvelle saison à succès, The Crown, qui sera disponible dès le mercredi 9 novembre. Diffusée sur Netflix, cette série raconte l’histoire – quelque peu romancée – de la reine Elizabeth II et plus largement de la famille royale.
“Coup du destin”
Karine Ambrosio a été choisie pour incarner la Belge Marie-Luce Jamague, second femme du Capitaine Peter Townsend. Ce dernier avait été l’amant de la princesse Margaret, sœur cadette de la reine Elizabeth II. Certes, souligne-t-elle, son rôle est minime, – “j’ai eu une journée de tournage” -, mais la Française en est très reconnaissante. “J’ai perdu mon père six mois avant que mon agent anglais ne me décroche cette audition. Cela m’a vraiment permis de relativiser les choses”, confie l’actrice, “ne serait-ce que passer ce casting, je l’ai pris comme un grand privilège”. Le fait que le rôle ne soit pas si “grand” lui a aussi permis de ne pas se mettre une trop grande pression.
Et cela lui réussit plutôt bien puisqu’elle est short-listée pour incarner cette ancienne actrice belge. “C’est à ce moment-là que j’ai commencé à sentir monter l’excitation”, reconnaît-elle. Une excitation qui montera d’un nouveau cran quand elle apprendra qu’elle est choisie. “J’ai su ensuite que mon partenaire à l’écran serait Timothy Dalton, et j’ai pris conscience de la chance que j’avais”.
La Française prend ce rôle comme “un énorme coup du destin”. En France, elle avait déjà une très belle carrière. Ses débuts, elle les avait fait dans des radios locales dans le Var. A peine âgée de 14 ans, Karine Ambrosio est à l’aise devant le micro. Il faut dire qu’elle a toujours su qu’elle voulait devenir une artiste. “C’était une évidence. Je ne savais pas exactement dans quoi, mais je rêvais très grand”. Son aisance l’amène à être repérée et elle rejoint RMC à Monte-Carlo comme animatrice. A 18 ans, elle rejoint la capitale et continue en radio. Mais elle va aussi s’essayer à la scène. “J’ai rencontré un metteur en scène, qui m’a expliqué que j’étais mûre pour la comédie”, raconte Karine Ambrosio. Elle s’inscrit alors au Cours Florent. Elle monte aussi son premier spectacle, un one-woman show intitulé J’ai rencontré Richard Berry et qui rencontre un franc succès.
Une belle carrière française faite de radio, de one-woman shows et de télévision
Les portes de la télévision s’ouvrent alors à elle. En 2003 elle rejoint l’équipe de Kad et Olivier sur Canal+ pour l’adaptation française de Saturday Night Live et y joue, en direct, des sketchs avec Valérie Lemercier, Gad Elmaleh et Éric et Ramzy. “C’était une période extraordinaire”, se souvient Karine Ambrosio. Parallèlement, elle continue la scène, elle écrit un deuxième (Dressing Room), puis un troisième spectacle (The very bad girl (s) show) – celui-ci sera co-écrit avec un membre du Jamel Comedy Club -, tout en continuant à officier sur RMC à Paris.
Et puis, un jour, elle a envie d’autre chose. “Sur scène, je ne savais plus quoi raconter. Pour moi, pour écrire des spectacles, il faut que cela vienne des tripes. Quand on a perdu cela, il faut savoir poser le stylo”. Ce qu’elle fait. Mais la télé l’attend avec des rôles dans des séries à succès, comme Profilage ou encore Alice Nevers.
Si Karine Ambrosio a posé le stylo pour l’écriture de spectacles, elle le reprend pour se lancer dans celle de scénarios. Elle vient d’ailleurs de terminer celui de son premier long métrage, une comédie, qu’elle a écrit pendant le confinement. Mais pour l’heure, elle ne peut pas en dévoiler plus. C’est aussi durant la crise sanitaire, qu’elle décide que sa vie prendra un nouveau tournant. “En France, c’est compliqué pour les actrices de plus de 35 ans, à quelques exceptions près, de trouver sa place. Il y a comme une période calme jusqu’à 55-60 ans où là des rôles peuvent à nouveau exister”. Alors, elle prend un agent à Londres et tente sa chance de ce côté de la Manche.
Une pluie d’opportunités à Londres
“Tout est allé très vite”, lance Karine Ambrosio, qui souligne qu’en Angleterre, “les gens vous laissent vraiment votre chance, ils sont curieux”. En choisissant de venir à Londres, elle a travaillé à étoffer ses compétences : en plus des cours d’anglais pour maîtriser davantage la langue, elle a appris de nouveaux accents avec un coach très célèbre de Londres et pris des cours de danse. “Je voulais acquérir un maximum de compétences, ce n’était pas vraiment un effort, mais quelque chose de naturel”, avoue la Française. Et elle a eu raison. “Depuis un an, je me sens transportée”, s’enthousiasme-t-elle.
Elle passe non seulement le casting pour The Crown, mais avant elle est auditionnée pour les Marvel Studios. Certes, elle ne sera pas prise pour ce dernier, mais l’essai pour la série britannique de Netflix sera une opportunité en or pour elle. En effet, en plus de The Crown, elle vient de finir le tournage d’une série où elle a un rôle plus important. Elle a été réalisée par Steve Hughes et sera diffusée l’an prochain sur Channel 5. “Je suis vraiment gâtée. Sur ces deux projets, j’ai rencontré des acteurs talentueux, avec peu d’égo et d’une grande générosité dans leur jeu. Il y a beaucoup de respect, chacun a sa place, et c’est très reposant de travailler dans ce genre d’ambiance”.
Un tournage très secret
Sur le tournage de la série Netflix, elle se souvient également de règles étaient strictes avec notamment l’interdiction d’avoir un téléphone portable sur le plateau. “Tout était secret”, confie Karine Ambrosio. Mais le travail avec les équipes était “extraordinaire”, reconnaît-elle, “que ce soit pour le maquillage, le stylisme… ”. Avec l’objectif de correspondre le plus à la réalité. Pour son rôle, elle a aussi tenu à être la plus respectueuse possible de son personnage, qui est encore en vie. “J’ai pris les choses très au sérieux”, assure-t-elle. On attend donc avec impatience de voir son interprétation de cette ancienne actrice belge, qui a eu un véritable mariage d’amour, souligne l’actrice française, avec le Capitaine Townsend.
Celle qui a grandi avec la génération Diana, qui est un des personnages centraux – si ce n’est central – dans cette cinquième saison, a eu beaucoup de peine à l’annonce de la mort de la reine Elizabeth II. “J’ai été très touchée par son allocution lors de la pandémie. C’était une monarque bienveillante et d’une grandeur incroyable”.
Karine Ambrosio est très reconnaissante à la série The Crown, qui, dit-elle, lui a ouvert de nombreuses portes. D’autres projets l’attendent de ce côté de la Manche, même si le Brexit complique un peu les choses avec l’obligation d’un visa de travail à chaque tournage. “J’aimerais passer plus de temps à Londres”, se désole l’actrice. Si elle rêve d’un très “beau premier rôle dans une série britannique ou américaine” – elle a déjà commencé à auditionner aux Etats-Unis -, Karine Ambrosio s’en remet au destin, comme elle l’a toujours fait. Et jusqu’à présent, il lui a été plutôt favorable, même si sans le travail, rien n’est possible, souligne-t-elle.