Parce que le Brexit concerne aussi les étudiants ou les jeunes actifs, le collectif The 3 Million, créé pour protéger les droits des citoyens européens dans le cadre du Brexit, a décidé de fonder également une branche consacrée à la jeunesse. C’est ainsi que Young Europeans est né en juin dernier. Parmi les responsables de cette section, un Français de 26 ans.
Quand on lui a proposé de rejoindre les rangs de Young Europeans, Julien Hoez a tout de suite accepté. Il faut dire qu’il incarne parfaitement les inquiétudes liées au Brexit, dont les conséquences toucheront également la jeunesse. “Je suis né à Londres, mais mes deux parents sont Français”, explique le jeune homme. Si pour lui la France reste son pays – même s’il n’y a passé que très peu de temps -, il se sent également britannique.
Les jeunes ont aussi voix au chapitre
Le Brexit a d’ailleurs été une véritable onde de choc pour lui. “J’ai ressenti une énorme tristesse”, explique celui qui n’a pourtant jamais demandé sa nationalité britannique. “Pourquoi faire ? Jusqu’à maintenant, on était en Europe et donc je pouvais me sentir autant chez moi au Royaume-Uni qu’en France”. Comment analyse-t-il alors le résultat de ce référendum ? “Je crois que la Grande-Bretagne n’a pas souffert comme la France pendant la Seconde guerre mondiale et a toujours eu ce sentiment d’invincibilité”.
Selon lui, de nombreux Britanniques rêvent aussi d’un retour du grand empire qui s’est délité au siècle dernier. “Depuis 30 ans, certains distillent également des mensonges sur l’Europe. Il faut savoir que le populisme est un “jeu” très britannique”. Il dit clairement qu’il est inquiet pour la suite des événements. “On ne sait pas à quel point on est en danger, on ne sait pas ce que le gouvernement va décider pour les citoyens européens. Par exemple, mon père a plus de 60 ans et si on lui enlève son droit de résidence, il perdra sa pension alors qu’il a travaillé ici toute sa vie”.
Avec Young Europeans, il souhaite donc aller à la rencontre des jeunes et le sensibiliser tout en leur rappelant qu’ils ont aussi voix au chapitre. “Notre groupe a pour objectif de prendre en compte l’avis des jeunes de moins de 30 ans, qui sont soit en Erasmus, à l’université, dans les lycées ou jeunes actifs. On a aussi un blog avec des articles sur ce que signifie le Brexit pour eux, comment ils voient la suite. Car des grandes questions restent encore en suspens aujourd’hui : les visas, les frais de scolarité, les locations de logement…” Le groupe se déplace dans tout le pays pour récolter aussi des témoignages. “On a des équipes de recherches, on crée des événements dans des universités”. Pour Julien Hoez, le groupe défend les droits non seulement des jeunes citoyens européens mais aussi de toutes les nationalités. “On se bat pour tout le monde”, répète le Franco-britannique.
Français ? Britannique ? Un long chemin pour accepter son identité
S’il est autant investi dans Young Europeans, c’est aussi parce qu’il sait ce que c’est de devoir se battre pour trouver sa place. Né à Croydon, dans un des quartiers les plus populaires de Londres, le diplômé en sciences politiques a souffert de cette dichotomie identitaire franco-britannique. Petit, à l’école, il se faisait harceler par des camarades de classe. “On m’insultait de “frog” (qualificatif péjoratif pour désigner les Français en Grande-Bretagne, NDLR), d’étranger. L’intolérance a toujours existé dans la mentalité britannique”.
Après des années à essayer d’effacer ses origines françaises pour, dit-il, “mieux s’intégrer”, il finit par lâcher prise. “J’ai décidé de ne plus me prendre la tête sur mon identité”. Son intérêt pour la chose publique est venue également très tôt. C’est un événement terrible qui en sera le déclencheur : le 11 septembre 2011. Pourtant, Julien Hoez n’a que 9 ans à l’époque. “C’est là que je me suis rendu compte de l’importance de la géopolitique, des questions de sécurité, de la diplomatie, de l’Europe…” 17 ans plus tard, il met donc en grande pratique ses convictions. “J’invite tous les jeunes qui le souhaitent à nous rejoindre car ce Brexit concerne en premier lieu la jeunesse, c’est de leur avenir dont il est aussi question”, conclut-il.