“Je pense que la clé du succès c’est de savoir s’entourer des bonnes personnes et surtout de respecter les produits”. Catherine Pages sait de quoi elle parle. La Suissesse, arrivée à Londres il y a 25 ans, a réussi en moins de deux décennies à faire de sa passion pour la cuisine son métier. A la tête de Delicat’s, un service de traiteur haut de gamme, la quinquagénaire ne l’aurait jamais cru si on lui avait dit un jour qu’elle abandonnerait sa carrière d’opticienne pour se mettre aux fourneaux.
Un niveau gastronomique
Parmi ses clients, la Résidence de France pour qui elle a travaillé à de nombreuses reprises, s’occupant autant de la décoration des tables que du dressage des assiettes. Chanel, Van Cleef & Arpels, Olivier Malingue Gallery, Hermès, Louis Vuitton… lui ont également déjà fait confiance. Sa qualité ? Catherine Pages s’adapte à toutes les demandes. “Si le client le souhaite, je peux monter une cuisine sur place, même si l’endroit est minuscule, ou livrer les plats comme au restaurant, je peux m’occuper du vin, trouver des serveurs, fournir les assiettes, imaginer la décoration florale, réserver un photographe ou engager des personnes qui animeront la soirée. C’est un vrai service sur-mesure pour lequel tout est possible”, confie la fondatrice de Delicat’s.
Pourtant quand elle a commencé il y a 17 ans, la Suissesse, originaire de Lausanne, proposait seulement des canapés. “Puis je me suis adaptée aux différentes demandes, je suis passée des buffets à des événements assis”, commente Catherine Pages. Les plats sont créés selon les désirs des clients, mais la cheffe peut aussi proposer des idées, toujours avec une touche gastronomique. A ses côtés, dans sa cuisine dans le sud-ouest de Londres, elle peut compter sur Lorenzo Salami qui a fait ses armes auprès du couple royal Charles et Camilla. Elle-même s’est formée auprès de grands chefs comme Claude Brin en Suisse ou Guy Savoy à Paris, ainsi que dans d’autres établissements réputés tels que Spoon at Sanderson et Sketch London. Elle a également travaillé pour les cuisiniers attitrés de diverses ambassades.
En près de vingt ans, avec Delicat’s, la Suissesse a ainsi réussi à imposer son style culinaire, inspiré de ses différents voyages à travers le monde, et son service haut de gamme dans la paysage du “catering” de Londres. Pourtant, Catherine Pages a débuté sa carrière professionnelle bien loin des fourneaux. En effet, à 16 ans, elle commence un apprentissage qui l’amènera ensuite à exercer le métier d’opticienne pendant près de 13 ans. “Je suis arrivée à Londres à la fin d’un voyage autour du monde”, raconte la quinquagénaire. Elle aurait voulu continuer à pratiquer à temps complet, mais “il y avait trop de différences dans ce métier entre la Suisse et le Royaume-Uni”. “En plus, il n’y avait pas une si grande communauté francophone à l’époque”, complète Catherine Pages.
Quand un hobby devient une entreprise à succès
Elle exerce tout de même un peu en freelance, mais avec l’envie de consacrer davantage de temps à sa famille. Elle se dit alors que monter sa propre entreprise serait une bonne idée. Mais dans quoi ? “La cuisine m’est apparue comme une évidence”, lâche la fondatrice de Delicat’s, “j’adore bien manger, j’ai appris ça auprès de mon grand-père qui avait un potager. J’adorais aller chercher les légumes et croquer à pleines dents les carottes fraîchement récoltées”, se souvient la Suissesse. Plus jeune, elle avait aussi une belle collection de livres de cuisine.
Elle commence alors à Londres à proposer ses services de traiteur à son cercle proche. C’est en 2003 que les choses prennent une autre dimension. Cumulant les petits jobs en attendant de pouvoir vivre de sa passion, la jeune femme de l’époque décroche une mission de chauffeur durant le tournoi de tennis de Wimbledon. “C’est là qu’on m’a appelé pour que j’organise un cocktail pour 70 personnes, le client, qui était français, avait entendu parler de moi par le bouche-à-oreille”, confie Catherine Pages. Ce premier gros contrat va être son tremplin.
Si au lancement de Delicat’s – un nom d’entreprise trouvé par son père en référence à son diminutif “Cat” et la délicatesse des ses plats -, elle prépare tout depuis sa petite cuisine personnelle, les choses vont vite s’accélérer et elle décidera, cinq ans plus tard, de construire une cuisine professionnelle dans le sud-ouest de Londres. “Je ne voulais plus être limitée dans ce que j’avais envie de proposer à mes clients”, explique-t-elle, car sa priorité demeure le travail des produits et la qualité des plats. “L’avantage à Londres, c’est qu’on trouve de tout notamment en termes d’épices, donc on peut tout faire, il suffit juste de chercher un peu”. Au fil des années, elle a aussi continué à se former, car, justifie-t-elle, “c’est bien d’avoir des idées, encore faut-il savoir les réaliser. Et pour cela, il faut connaître les bonnes techniques”.
Delicat’s jouit aujourd’hui d’une belle réputation. “J’ai eu la chance de rencontrer les bonnes personnes aux bons endroits. Le bouche-à-oreille a été très bien fonctionné autant auprès des particuliers que des entreprises mais aussi autant auprès de la communauté francophone que britannique ou étrangère”, avance Catherine Pages. Heureuse, elle l’est incontestablement. “Je crois que je devais avoir un esprit entrepreneurial qui sommeillait depuis longtemps en moi pour arriver à nourrir cette passion, en vivre aujourd’hui tout en me sentant épanouie”, confie Catherine Pages, “et en plus, je ne m’ennuie jamais”.