Elle en a marre et elle l’a fait savoir au micro de la radio RTL. Nathalie Loiseau a déclaré que la Grande-Bretagne devrait “se dépêcher” et enfin décider car l’horloge tourne et que les entreprises et les citoyens sont toujours dans l’incertitude.
“Je dis à mes amis britanniques qu’il est temps de se décider pour savoir s’ils veulent partir à l’amiable ou brutalement. Le choix est le leur mais il est vrai que cette incertitude, qui dure et qui a encore été renforcée hier (jeudi 14 février, ndlr) par un nouveau vote compliqué à la Chambre des Communes pour Mme May, pèse sur les entreprises”, a lancé la ministre des Affaires Européennes.
En effet, les députés britanniques ont mis à nouveau en échec la Première ministre du pays en rejetant à la majorité – 303 voix contre 258 – sa stratégie de négociations sur le Brexit. Le 29 janvier dernier, les élus s’étaient déjà exprimés au Parlement votant pour une sortie avec accord, mais avec une demande express de renégociation du texte en particulier sur la question du backstop, autrement dit de la frontière entre l’Irlande et l’Irlande du Nord.
Mais l’Union européenne a refusé de toucher à l’accord conclu en novembre dernier, une position aboutissant donc à une impasse. A moins de 42 jours de la sortie officielle du Royaume-Uni du bloc, fixée au 29 mars prochain, les choses se compliquent donc.
Inquiétudes pour les entreprises françaises
La colère de Nathalie Loiseau est surtout fondée sur le fait que les 30.000 entreprises françaises basées sur le sol britanniques disent ne pas être prêtes en cas de “Brexit dur”, soit de sortie sans accord. Ce qu’a confirmé Geoffroy Roux de Bézieux, patron du Medef, qui était en déplacement à Londres jeudi 7 et vendredi 8 février derniers. En revanche, la ministre des Affaires européennes assure que “le gouvernement est préparé”. “Nous avons passé une loi, pris des ordonnances. La réalité est qu’au 30 mars, s’il doit y avoir une séparation brutale, nous sommes capables de faire entrer ou sortir des marchandises de France vers le Royaume-Uni en ayant à la fois des échanges fluides et les contrôles nécessaires”, a-t-elle expliqué avant d’ajouter, “il est vrai que les entreprises ont leur part du travail à faire”. Elle a reconnu que pour des PME qui n’auraient travaillé que dans le marché unique, ce sera autre chose que pour les grandes entreprises. Elle a appelé les patrons à se renseigner auprès des services de l’Etat pour s’organiser et “pour ne pas tout découvrir le 30 (mars) au matin”.
Nathalie Loiseau a assuré que si l’Union européenne accédait au souhait des Britanniques de renégocier l’accord conclu en novembre, “on y perdrait”. “Déjà ni Theresa May ni aucun de ses ministres sont venus avec des propositions” alternatives, a-t-elle justifié, “nous ne savons pas du tout ce qu’ils veulent. Mais nous leur disons “dépêchez-vous” pour nos entreprises, nos citoyens, les Britanniques qui vivent en Europe, qui restent dans l’incertitude”.