Sarah Kheirallah travaille comme sage-femme dans un centre de référence du COVID-19 à Londres, au St Thomas’ Hospital situé juste en face de Westminster. “On a de la chance d’avoir une direction qui communique beaucoup avec les équipes, notre chief officer nous envoie régulièrement des mails pour nous tenir au courant de la situation tant sur la prise en charge des patientes que la mise en place du protocole, l’objectif étant de sentir le plus en sécurité possible”. Car des futures mamans entrent et sortent de l’établissement hospitalier tous les jours et certaines sont très inquiètes. “Beaucoup nous appellent pour nous demander si c’est assez sûr pour se rendre à leur rendez-vous”, explique Sarah Kheirallah. Des aménagements ont déjà été faits, comme l’annulation des consultations non essentielles ou encore la restructuration des services pour séparer au mieux les malades du COVID-19 des autres patients.
Du personnel déjà touché par le coronavirus
La Française, qui travaille depuis 10 ans au sein du service de santé britannique, estime que pour le moment, les choses se déroulent plutôt bien et que les équipements ne sont pas encore en manque. “Mais on fait tout de même attention au stock et on espère surtout que le gouvernement va mettre en place un dépistage de tout le personnel”, commente la sage-femme. Dans son service, quatre personnes ont dû arrêter le travail pour suspicion de coronavirus. De son côté, elle prend toutes les précautions possibles pour ne pas tomber malade, comme éviter les transports en commun aussi souvent que possible. Il lui faut tout de même 45 minutes de marche pour se rendre à l’hôpital, alors cela peut arriver qu’après une longue journée, elle n’ait d’autre choix que de prendre le bus, mais en respectant les consignes de distances de sécurité. “Certains membres du personnel qui habitent loin ont pu avoir des chambres dans un hôtel situé tout près de l’établissement hospitalier”, se réjouit Sarah Kheirallah.
La Française sait qu’elle pourrait éventuellement être appelée comme renfort. “On a dû remplir un formulaire en indiquant toutes nos compétences, beaucoup de sage-femmes viennent du milieu infirmier, donc avec cette possibilité de redéploiement en cas de besoin”, confirme-t-elle. Le personnel peut d’ores et déjà apporter son aide, mais pour le moment sur la base du volontariat. A la question de savoir si elle a pensé rentrer en France pour être proche des siens et également se mettre à l’abri d’une éventuelle contamination, Sarah Kheirallah répond sans détour : “Bien évidemment, cela peut être vu comme un dilemme. Partir ou rester ? Mais pourquoi partir quand on a les compétences que l’on peut les mettre au service des autres. C’est mon métier de soigner et aider les gens”.
Même niveau de service de soins qu’en France
Elle l’assure, le NHS est aussi compétent que les services de santé en France et agit de la même manière. “On est dans un pays développé, les médecins britanniques sont aussi professionnels que leurs homologues français. Les équipes font ce qu’elles peuvent avec ce qu’elles ont sur place”, résume Sarah Kheirallah, “et puis, il y a aussi une vraie solidarité, une entraide entre les services et le personnel”. Donc aucune raison de paniquer de la qualité de la prise en charge. La Française souligne aussi que les militaires sont venus en renfort en envoyant du matériel de protection, ce qui est une bonne nouvelle pour faire face à la future hausse de patients dans les hôpitaux.
Si la Française a un message aujourd’hui à faire passer pour éviter une potentielle hécatombe comme en Italie ou en Espagne, “ce n’est pas d’applaudir le personnel soignant le soir, mais de rester chez soi pour ne pas propager le virus”.