Au chômage depuis la crise sanitaire, un sous-chef français crée, avec sa femme, une "boulangerie flottante"

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La crise sanitaire aura eu des conséquences inattendues pour certains. C’est le cas pour Jérémy Huguet et sa femme Lindsay. Le Français, sous-chef dans un restaurant à Londres a été mis au chômage partiel au moment du confinement en mars dernier, mais il ne voulait pas se tourner les pouces en attendant la reprise. “Il s’est retrouvé à la maison alors qu’il avait l’habitude de travailler 5 à 6 jours sur 7 et ce, 10 heures par jour”, explique la jeune femme. Cela faisait déjà un moment que son mari réfléchissait à changer de voie. “Mais comment faire quand on passe sa journée en cuisine et qu’on rentre à 2 heures de matin ?”, reconnaît la Française. Le confinement a ainsi été un “wake-up call”, selon elle. “Je pense qu’après deux mois de confinement il a réalisé qu’il n’avait pas envie de revenir au rythme de sa vie d’avant”. 

Encouragés par leurs voisins

Cette “pause” contrainte dans sa carrière professionnelle s’est alors rapidement transformée en une passion nouvelle pour la boulangerie. En effet, pour occuper ses journées, Jérémy Huguet décide fin avril de fabriquer son propre pain. “Il s’est mis à regarder des tutoriels sur internet pour apprendre à confectionner son propre levain”, raconte la Française, “puis il a commencé à aussi à réaliser des pains au chocolat et autres viennoiseries”. Le couple, habitant sur une péniche – amarrée jusque début juin à King’s Cross -, propose alors à leurs voisins de goûter quelques produits. C’est le carton plein. “Beaucoup sont revenus cette fois-ci pour nous commander du pain ou des viennoiseries”, confie Lindsay Huguet. 

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Lindsay et Jérémy Huguet (Crédit : Instagram / The Floating Boulangerie)

Cette première étape signe alors le début de l’aventure de The Floating Boulangerie pour les deux partenaires. Après avoir conquis les palais voisins, le couple tente de faire connaître leur nouvelle entreprise auprès de la communauté française de Londres. “J’ai envoyé un post début mai sur plusieurs groupes Facebook en proposant quelques produits à la vente”, confie la jeune femme. En quelques heures, les demandes affluent. “On avait déjà 80 commandes dès le lendemain”, se souvient-elle.
Au départ, les clients sont invités à venir récupérer leurs achats à l’entrée du bateau. Mais une rencontre va changer rapidement les choses. “Dans nos premiers clients, il y a eu un Français. Quand il est arrivé chercher sa commande, on a commencé à discuter et il nous a raconté qu’il travaillait lui aussi dans un restaurant et qu’il était donc au chômage partiel”. De fil en aiguille, et s’apercevant que le jeune homme est venu à moto, ils concluent de collaborer ensemble pour les livraisons. 

Transformer une péniche en boulangerie flottante

Le trois partenaires établissent un planning des quartiers à livrer selon les jours de la semaine. Par exemple, le mardi c’est l’ouest avec les secteurs entre autres de Hammersmith-Kensington-Fulham-Paddington, le mercredi de Kensington-Battersea-Chelsea, le jeudi de Kilburn et Hampstead, et enfin le vendredi et le samedi partout dans Londres. La liste des produits de The Floating Boulangerie s’est aussi rapidement allongée depuis mai : outre baguettes et pains ainsi que pains au chocolat et croissants, le couple propose dorénavant focaccia, brioches et tresses (au chocolat, spéculoos ou beurre)… “On a aussi voulu mettre des prix qui permettent à tout le monde de commander”, insiste Lindsay Huguet, “manger des bons produits ne doit pas être un luxe. Avec The Floating Boulangerie, on peut se faire plaisir avec moins de £2”. Quant aux frais de livraisons, ils  peuvent être partagés grâce à un système de commandes groupées.
Si les tarifs semblent être un des ingrédients de la recette de leur succès, la jeune femme estime également que la méthode de fabrication pourrait également expliquer la centaine de clients qui leur ont fait confiance depuis le lancement de la boulangerie flottante il y a un peu plus d’un mois. “Tout est fait à la main, Jérémy n’utilise aucune machine”, explique Lindsay Huguet, “c’est d’ailleurs pour cela que le délai de livraisons des commandes est de 48 heures, pour lui laisser le temps de confectionner les pains et autres viennoiseries, tous bio, et faire en sorte que tout soit frais”. 
Le couple reçoit beaucoup de retours positifs qui les encourage ainsi à continuer sur sa lancée. D’ailleurs, les Français ne souhaitent pas s’arrêter là et voient même les choses en plus grand. “On a entamé toutes les démarches pour rendre notre projet officiel, on a contacté les autorités fluviales mais les choses prennent du temps au vu du contexte actuel”, confie Lindsay Huguet. Avec son mari, ils envisagent plus tard d’acheter une seconde péniche pour y établir leur boulangerie, qui sillonnerait le canal londonien. “Cela nous permettra d’avoir un bateau comme maison et un autre pour le travail et de bien séparer les choses”.

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