Deux lycéennes françaises de Londres occupent le Science Museum pour dénoncer une exposition soutenue par Shell

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“On ne peut pas ne rien faire ou faire comme si on ne voyait rien. On parle de notre futur et de notre présent. Si on ne peut pas encore s’exprimer dans les urnes, il nous reste la rue”. A 17 ans, Inès McCairley et Jessica Woolcock, élèves au Lycée français Charles de Gaulle, ont décidé de faire entendre leur voix sur le sujet du changement climatique. C’est pourquoi elles ont participé mardi 26 octobre à l’occupation du Science Museum de Londres. Une grande action avait en effet été menée pour dénoncer le mécénat de l’entreprise pétrolière Shell d’une exposition sur l’environnement.

“Choquant”

“Our future planet”, visible depuis mai, explique au public comment “la technologie de pointe et les solutions basées sur la nature ont été développées pour piéger le dioxyde de carbone libéré par l’activité humaine, notamment la combustion de combustibles fossiles”. “Mais c’est nous duper. La capture de CO2 n’est pas la seule solution pour lutter contre le réchauffement climatique, mais c’est en tout cas une solution pour Shell pour continuer ses dégâts sur l’environnement”, s’indignent les deux jeunes filles franco-britanniques, “et même si le musée ne cesse de dire qu’il ne peut influencer les choses, il faut savoir qu’il a signé une ‘gagging clause’ qui l’empêche de dire du mal de Shell”. 

Une hypocrisie qui agacent Inès McCairley et Jessica Woolcock. La première s’est investie depuis octobre 2019 au sein de UKSCN London, branche du UK Student Climate Network, une organisation radicale dirigée par des jeunes qui se mobilise pour la justice climatique. “J’ai connu l’organisation via les réseaux sociaux puis j’ai participé à plusieurs actions étudiantes le vendredi après-midi”, raconte-t-elle, “j’ai choisi de rejoindre le mouvement car j’en avais marre de voir que les politiciens n’engageaient aucune action pour changer les choses”. La seconde, elle, a rejoint son amie Inès que récemment et mardi 26 octobre était sa toute première mobilisation. “Inès m’a parlé de l’organisation, et j’ai été impressionnée par tout ce qui avait été fait”, confie la jeune fille, “et puis quand j’ai su que l’action se faisait à côté du Lycée français, j’ai voulu y participer car on nous parle sans cesse en cours de l’importance de protéger la planète et à quelques mètres se tient une exposition sur comment sauver la Terre sponsorisée par une compagnie pétrolière. J’ai trouvé ça choquant”

manifestation climat science muséum londres
Jessica Woolcock (à gauche) et Inès McCairley
(Crédit : Ron Fassbender)

Inès McCairley et Jessica Woolcock et une trentaine d’autres personnes se sont donc introduits dans le musée et y ont passé la nuit du mardi 26 au mercredi 27 octobre. “Au total, on est resté 18 heures”, confient les deux jeunes filles. Elles sont parvenues à entrer au Science Museum en tant que visiteuses. “On s’est présentées à 17h30, puis on est monté au deuxième étage, on s’est assis et allumé des bougies pour rendre hommage à toutes les victimes de la compagnie Shell”. Puis l’heure de la fermeture du lieu étant arrivé, les équipes du musée ont tenté de faire sortir les manifestants, composés entre autres de scientifiques et d’acteurs du monde culturel. “On a tenté de parler au directeur pour qu’il s’explique sur le choix du sponsor, mais il a pris la fuite”, raconte McCairley.

Une occupation sans heurt

L’occupation s’est faite sans heurt et sans violence (la police est intervenue mais ne les a pas fait sortir), mais l’équipe du musée a refusé l’accès des toilettes aux manifestants pendant près de 5 heures. “C’était un peu compliqué, mais finalement ils nous ont laissé y aller. On s’est retrouvé au sous-sol et nous ont ensuite empêché de remonter. On a donc fini la nuit sur du marbre froid”, poursuit la jeune fille, qui avoue n’avoir pu dormir au total qu’une petite demi-heure. “Mais ça va, on avait prévu de quoi boire et manger”. 

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Crédit : Ron Fassbender

Les participants sont donc sortis du musée mercredi vers 11 heures du matin. “C’est important de faire ce genre d’actions”, commentent les deux amies, “les jeunes se mobilisent de plus en plus pour le climat et le changement climatique s’invite de plus en plus dans les débats”. La preuve, disent-elles, en mai dernier, lors des élections locales de Londres, l’environnement était “un sujet central”. Continuer à se mobiliser est donc essentiel, pensent-elles. “Nous sommes le futur, nos voix comptent. Beaucoup de gens souffrent déjà du changement climatique et ça risque d’empirer. C’est la jeunesse qui va en payer les conséquences, pas les chefs de grosses entreprises qui créent actuellement des dégâts”. Impossible donc de rester les bras croisés, et les deux lycéennes peuvent compter sur le soutien de leur famille. “Même s’ils sont inquiets parfois quand on participe à de telles actions, ils sont toujours là pour nous. Ils comprennent que c’est une cause importante et qui nous tient à cœur. Ils sont même fiers de nous”

Et la mobilisation continuera dans les prochaines semaines, surtout avec l’ouverture prochaine de la COP26 qui se tiendra à Glasgow du 31 octobre au 12 novembre. “Les organisateurs ont expliqué qu’ils n’acceptaient pas le soutien de compagnies comme Shell pour ce sommet, donc ça montre que le Science Museum est isolé sur cette question”, lancent les deux Franco-britanniques, qui se désolent de voir que le “Energy Revolution Gallery” du musée est sponsorisé par la compagnie de charbon Adani.

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