“J’y vais sans pression. Si j’arrive à traverser la Manche, je serai déjà heureux”. Il faut dire que Christophe Le Roux est sur le point de relever un défi de taille : relier Marble Arch à Londres à l’Arc de Triomphe à Paris. Cet Enduroman, baptisé “Arch 2 Arc” et dont le départ est fixé entre le 12 et le 19 juin selon la météo maritime, inclut 144 kilomètres de course à pied entre la capitale anglaise et Douvres, puis près de 40 kilomètres de nage dans les eaux froides de la Manche et enfin 290 kilomètres de vélo entre Calais et Paris.
Mais le Français est prêt. Il vient justement de terminer un entraînement, formation probatoire essentielle, à Concarneau. Cela fait depuis 2018 qu’il se prépare à ce challenge. Cette idée folle est née après avoir visionné un documentaire sur Cyril Blanchard. Ce Français a explosé le record de l’Enduroman il y a tout juste 5 ans. “Je me suis dit : pourquoi je ne tenterai pas ?”, explique-t-il. Il trace alors sur une feuille deux colonnes : les pour, les contre. Sans surprise, il décide de se lancer et s’inscrire comme participant dès le lendemain. Car l’homme est du genre à aimer se lancer des défis sportifs. “C’est quand même l’ultime challenge pour un sportif !”, explique l’ancien gendarme, qui participera sous les couleurs du drapeau de la Suisse, son pays d’adoption depuis 1998. “Nous serons la première équipe Suisse au départ depuis 2001, date de la création de cette épreuve”, confie fièrement le Français.
Certes, avoue-t-il, il n’est pas très bon question performance, “mais j’aime l’idée d’entrer en compétition avec moi-même”. En deux ans, il a appris à travailler ses points forts et à contourner ses points faibles. “Le travail, c’est la seule solution pour progresser”. Dans sa préparation, il a même embarqué des amis, qui étaient aussi intéressés par ce défi. Ils seront donc 5 à prendre la ligne de départ de cet Enduroman. Courageux, il l’est et il le sait. “J’ai surtout le courage d’oser”, rit ce professeur de natation âgé de 57 ans. N’a-t-il pas peur de passer pour un fou ? “Le fou est celui qui a une volonté sincère d’accomplir quelque chose, et c’est important de vivre ses rêves”. Participer à une telle épreuve lui permet aussi, confesse-t-il, de se “sentir vivant”.
Au-delà de relever un défi sportif, le Français court aussi pour la bonne cause. Il a décidé de soutenir Perce Neige Suisse, une fondation aidant à l’insertion des personnes en situation de handicap. L’objectif de cette participation étant de récolter des fonds auprès du public et ainsi financer l’achat d’une joëlette, fauteuil tout-terrain qui permet la pratique de la randonnée pour les personnes à mobilité réduite. Ce n’est pas la première fois que Christophe Le Roux donne de son temps et de ses performances physiques pour une association. Il a déjà couru au nom de Theodora, fondation visant à égayer le séjour des enfants hospitalisés avec l’intervention de “clowns hospitaliers”. A l’époque, il avait récolté plus de 10,000 francs suisses (plus de 9,000 euros).
Participer à l’Enduroman c’est aussi pour lui un “pied de nez au Brexit”. “On va relier Londres à Paris, et c’est un beau symbole”. Le Français espère maintenant que la Covid ne viendra pas gâcher la fête. D’ailleurs, s’entraîner dans un tel contexte n’a pas été simple. “C’est sûr qu’il faut de la motivation quand on voit comment la crise a pu impacter mon entraînement“. Il faut savoir rester zen en de telles circonstances, confesse-t-il. Mais si aucun autre imprévu ne pave le chemin, Christophe Le Roux et son équipe seront bien devant Marble Arch pour prendre le départ mi-juin.
Il espère aussi que le public le suivra dans cette aventure. Il cherche même un coup de main pour sa “traversée” britannique. “Si quelqu’un avec une voiture, ou encore mieux un camping car, pouvait nous suivre, ce serait idéal”.
