“J’en avais assez de voir certaines entreprises vendre des fausses recommandations pour manipuler les consommateurs”, résume Walter Cegarra. Très méfiant des réseaux sociaux, qu’il juge, à haute dose, très néfastes pour les internautes, le Français de Londres a décidé de lancer son application en mars dernier, Tribam. Cette plateforme permet aux utilisateurs de s’échanger des recommandations en toute confiance. “L’idée est qu’on puisse partager avec sa “tribu” des adresses d’hôtels, de restaurants, mais aussi de séries télévisées, de musique, de livres, sans pression économique ou manipulation”, commente l’entrepreneur.
La confiance, moteur de l’application
Contrairement à des plateformes comme TripAdvisor, parfois pointée du doigt pour héberger des recommandations truquées, Tribam se veut au service de ses utilisateurs avec pour slogan “Recommendations you can trust”. “Nous sommes au service des nos membres, qui se conseillent mutuellement, donc c’est un cercle plutôt vertueux”. La confiance étant le moteur de l’application, selon son créateur, l’entreprise promet en retour “à ne jamais vendre leurs données ou de les abreuver de publicités”, assure Walter Cegarra, “et les utilisateurs peuvent choisir de partager leurs conseils soit à leur réseau, soit à l’ensemble des inscrits”. En trois mois, l’application (disponible seulement sur IOS pour le moment) cumule déjà 1.500 recommandations. “Ce qui nous intéresse c’est la qualité et la diversité des recommandations et non leur nombre”, ajoute le Français.
Pourtant les chiffres, ça le connaît. Il a travaillé 22 ans dans le monde de la finance entre New York et Londres. Mais après deux décennies à travailler dans les salles de marché pour des entreprises tels que le Crédit Suisse ou le Crédit Lyonnais,Walter Cegarra a eu envie de tourner la page il y a un an et demi. Sa démission déposée, lui restait à savoir ce qu’il pourrait dorénavant faire. “Je cherchais une idée qui aurait un impact sur la vie des gens”, confie le quadragénaire.
Les nouvelles technologies le passionnent depuis longtemps. Il se forme sur comment lancer sa startup d’abord en lisant mais aussi en écoutant des podcasts. Mais pas question de s’arrêter à des connaissances théoriques sur le sujet, alors Walter Cegarra rejoint le coworking TechHub London où il loue un bureau. “Ce qui était intéressant c’était de pouvoir côtoyer une communauté de startuppeurs, des créateurs, des développeurs et des avocats”.
De quoi lui donner une vision à 360° du monde des nouvelles technologies. Mais cela ne lui suffit pas, le Français retourne alors sur les bancs de l’école. C’est au Wagon London, qu’il va apprendre à coder. “J’ai suivi une formation de six mois à mi-temps, cela a été intense mais très enrichissant car j’y ai appris comment marchent les outils technologiques et comment travaillent les développeurs”. Ce qui va beaucoup aider Walter Cegarra quand il va lancer son application, Tribam, quelques mois plus tard.
Une application évolutive
Si l’épidémie de coronavirus a mis un coup de frein au développement des rubriques restauration et hôtellerie, l’application aurait tiré son épingle du jeu sur d’autres domaines, comme les recommandations de séries, de livres ou de musique. “La crise sanitaire a amplifié notre besoin de communication en cercle intime, d’être en contact avec son entourage. C’est ce qui a fait notre force”, analyse l’entrepreneur, avant de compléter, “on a aussi lancé un blog Love your locals pour soutenir le commerce de proximité et ainsi encourager les membres à consommer local en les invitant à partager leurs avis et conseils”, précise Walter Cegarra.
Le chef d’entreprise reconnaît cependant que les recommandations d’hôtels et de restaurants sont repartis à la hausse depuis trois semaines, avec la levée du confinement en France, mais aussi en prévision de la réouverture des établissements de ce côté de la Manche. Le Français continue par ailleurs à penser au développement de son application. Il envisage ainsi de proposer, dans les prochains mois, aux utilisateurs les plus engagés des options supplémentaires. “Ce ne sera pas par exemple des coupons de réductions pour des hôtels ou restaurants”, prévient celui qui tient à l’indépendance de son entreprise, “chez Tribam, ce sont les membres qui font la valeur de l’application, ce sont eux que nous servons, donc on va être attentif à leurs besoins pour voir ce que nous pouvons leur proposer”.