“Vous êtes la première communauté française de l’Union (européenne, ndlr) que j’ai la chance de rencontrer”. Ce sont les premières paroles prononcées par Amélie de Montchalin lorsqu’elle a pris la parole devant des représentants de la communauté française du Royaume-Uni, rassemblée à la Résidence de France mardi 11 juin.
La nouvelle ministre des Affaires européennes, qui a succédé à Nathalie Loiseau partie siéger à Strasbourg, a confessé avoir un peu attendu avant de faire ce déplacement de l’autre côté de la Manche, élections européennes et commémoration du Débarquement obligent. “Je souhaitais un moment apaisé et les 10 et 11 juin m’ont paru de bonnes dates”, a-t-elle lancé devant l’assemblée, composée entre autres de l’Ambassadeur Jean-Pierre Jouyet ou d’associations françaises.
Amélie de Montchalin n’a pas fait ce déplacement exclusivement pour échanger quelques mots avec la communauté d’expatriés. Elle était surtout venue porter un message au Royaume-Uni, enfin plus exactement rappeler la position de la France sur le Brexit. Pendant ces deux journées de visite, la ministre avait en effet un agenda bien chargé avec des entretiens avec des parlementaires britanniques de tous bords politiques. Et elle s’est dit “choquée du niveau d’incertitude et de difficulté à expliquer les différents scénarios possibles” concernant la sortie du Royaume-Uni de l’Union.
Pas de quoi rassurer, mais la membre du gouvernement restait convaincue qu’une fois la nomination du nouveau Premier ministre prononcée, le dialogue et le suivi reprendront. Or, si elle tient à ce que la relation franco-britannique soit maintenue et même renforcée, Amélie de Montchalin a été catégorique : il n’y aura pas de renégociation possible de l’accord conclu en novembre dernier entre l’Union européenne et Theresa May. “Si le Royaume-Uni veut sortir de manière coordonnée, c’est alors le seul accord qui existe”. Bref, une douche écossaise pour celles et ceux qui auraient pu espérer que l’UE – et en premier lieu la France – pourraient faire un “geste” dans un contexte de crise politique britannique profonde.
“Le settled status est la seule voie possible” pour rester
La ministre a dit avoir conscience que la situation actuelle entourant ce Brexit chaotique pouvait être une source se stress et d’inquiétudes pour les Français installés de ce côté de la Manche. Mais elle a juré que l’objectif du gouvernement hexagonal était de continuer à préserver et protéger les droits de ses ressortissants. “Le settled status a été mis en place de manière efficace, et sera valable en cas d’accord ou non”, a-t-elle rappelé.
En revanche, Amélie de Montchalin est très inquiète. “Seulement 20% des Français inscrits sur le registre des Français de l’étranger ont fait cette démarche qui est pourtant essentielle”, a-t-elle analysé, “cela représente même moins de 10% des compatriotes car on le sait, un Français sur deux en moyenne n’est pas inscrit à ce registre”. En effet, seulement 26.500 expatriés ont fait une demande de settled status, alors qu’on estime à près de 300.000 le nombre des Français installés sur le sol britannique. “Pourtant à ma connaissance, aucune demande faite par des Français n’a été rejetée” par le Home Office, a précisé la ministre, avant d’avertir : “il faut que les Français prennent conscience que le settled status est la seule voie possible s’ils souhaitent rester”.
Amélie de Montchalin a aussi abordé, sans aller cependant dans le détail, la problématique des établissements scolaires français de Londres, qui souffrent du Brexit. En effet, si les départs d’expatriés se poursuivent, ces écoles pourraient se retrouver dans une situation très difficile à cause de la baisse des effectifs. “Il est simplement important que la communauté française reste fidèle à ce qu’elle a toujours été : créative, dynamique et entreprenante”, a-t-elle lancé avant de conclure, “il y aura une vie après le Brexit. Je reviens de Calais, et je peux simplement vous dire que les falaises d’Escalle et de Douvre ne vont pas reculer”.