La France et le Royaume-Uni renforcent leurs liens dans la lutte contre l'immigration illégale

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Christophe Castaner, ministre français de l'Intérieur, et Jean-Pierre Jouyet, ambassadeur au Royaume-Uni

S’il y a bien un sujet sur lequel le Brexit n’aura pas d’effet, ce sera bien la question migratoire. Le ministre de l’Intérieur français était en effet en déplacement jeudi 24 janvier à Londres pour rencontrer son homologue britannique dans le cadre de la signature d’un plan d’action dans le domaine de la lutte contre l’immigration illégale.
Depuis quelques mois, les autorités françaises comme britanniques doivent faire face à des tentatives de traversée de la Manche de migrants – essentiellement originaires d’Iran, selon Christophe Castaner – sur des petites embarcations. “On a déjà beaucoup échangé en décembre”, au plus fort de cette crise, explique le ministre français, “aujourd’hui nous sommes dans des actions concrètes avec cette signature d’une convention”. La France comme la Grande-Bretagne, par la voie de son ministre de l’Intérieur Sajid Javid, prennent donc des engagements “réciproques” pour mettre fin à ces passages illégaux, qui se seraient fortement accélérés durant l’année 2018, bien que “deux tiers des départs aient été neutralisés” avec la mise en place d’actions précédentes, incluant la multiplication des patrouilles des autorités françaises et britanniques.
“C’est dans un intérêt conjoint que nous faisons cela”, ajoute Christophe Castaner. D’un côté, la France ne souhaite pas revoir, via cette nouvelle immigration, naître des camps de réfugiés, comme cela a été le cas pendant des années à Calais, tandis que le Royaume-Uni veut éviter l’arrivée de nouveaux migrants. “Il faut que ces personnes comprennent que ce n’est pas la solution de penser que la Grande-Bretagne est un eldorado”. Des migrants à la merci de “criminels organisés en réseaux”, complète le ministre, rappelant qu’une traversée coûte entre 3 et 5.000 euros pour celle ou celui qui veut passer d’un pays à l’autre. “Ce n’est pas acceptable, on se doit d’agir. Par chance, il n’y a pas eu de mort, même si les traversées sont épouvantables”. Les migrants tentent en effet de rallier le Royaume-Uni dans des petites embarcations pneumatiques motorisées.

Accord ou pas accord sur le Brexit, rien ne changera

La convention sur la lutte contre l’immigration illégale signée jeudi 24 janvier va dans la continuité du traité de Sandhurst conclu entre Emmanuel Macron et Theresa May en janvier 2018. Le président de la République avait en effet effectué un déplacement pour rencontrer la Première ministre britannique et ainsi renforcé les accords du Touquet de 2003. Le nouveau texte prévoyait un apport financier britannique important pour gérer la situation à Calais et une accélération de l’accueil des réfugiés, notamment des mineurs isolés. 7 millions d’euros devaient être ainsi consacrés à la mise en place de ce traité.
Parmi les nouvelles actions que contient la convention, une coordination terrestre et maritime pour prévenir ces traversées. Les informations entre les autorités des deux pays seront ainsi transmises rapidement dès le signalement d’embarcations sur la Manche afin que les interventions soient davantage coordonnées. Caméras, sécurité dans les ports, jumelles à vision nocturne, outils de reconnaissance des plaques minéralogiques… Les moyens sont décuplés pour que la France puisse récupérer les migrants en question et gérer la suite avec la possibilité d’instruire les dossiers en droit commun, en somme les porter devant la justice.
A la question de savoir pourquoi est-ce Paris qui doive gérer la suite et non Londres, Christophe Castaner a la réponse. “On attend la même chose par exemple avec l’Espagne ou l’Italie”, explique-t-il précisant que chacun doit faire des efforts. La France peut ainsi arguer qu’elle joue le jeu en prenant ses responsabilités sur la question migratoire. Mais le Brexit ne risque-t-il pas d’entacher cette collaboration franco-britannique ? Non, répond le ministre de l’Intérieur. Accord ou pas accord, ces engagements bilatéraux perdureront.
 

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